dimanche 15 novembre 2009

Une figure de philosophe : Descartes

René Descartes
De homine figuris
Leyde : Peter Leffen et Franciscus Moyaerd, 1662.
Figures mobiles gravées sur bois et sur cuivre
Lyon BIU-LSH

Le mécanisme cartésien s’attache à produire une explication mathématique des phénomènes naturels. De même que le monde est régi par un mouvement circulaire permettant d’en mettre au jour les lois de fonctionnement, de même, le corps humain est régulé par la circulation du sang et maintenu en vie par la pompe à chaleur cardiaque. La distinction radicale des substances pensante et corporelle fonde l’autonomie de cette dernière et justifie le projet d’une physique et d’une médecine nouvelles, congédiant toute « âme », « faculté » ou « qualité occulte » que ce soit.

René Descartes
De homine figuris
Leyde : Peter Leffen et Franciscus Moyaerd, 1662.
Figures mobiles gravées sur bois et sur cuivre
Lyon BIU-LSH

Il est pourtant un être dans lequel l’âme et le corps sont unis et agissent l’un sur l’autre : c’est l’homme. En vertu d’une institution de nature dont Dieu seul connaît les raisons, mais dont l’esprit humain peut connaître le fonctionnement, tout mouvement du corps induit ainsi une pensée dans l’âme et les pensées de l’âme ont des effets physiologiques. Cette conversion s’opère dans la glande pinéale, figurée chez Descartes, comme c’était le cas chez Bauhin, par la lettre H.

Theatrum anatomicum novis figuris aeneis illustratum
Frankfurt am Main : Matthias Becker, 1605.
Lyon 1, BU Santé

Il devient ainsi possible d’élaborer une médecine philosophique, c’est-à-dire une médecine prenant en charge le composé humain. Elle entend se fonder sur une connaissance précise de la physiologie des passions et engager cette « force d’âme » dont la correspondance avec Elisabeth et le traité des Passions de l’âme décrivent exemplairement la nature et les effets.


Descartes à Elisabeth, juillet 1644 :

La lettre de Votre Altesse « m'aurait entièrement rendu heureux, si elle ne m'avait appris que la maladie qu'avait Votre Altesse, auparavant que je partisse de La Haye, lui a encore laissé quelques restes d'indisposition en l'estomac. Les remèdes qu'elle a choisis, à savoir la diète et l'exercice, sont, à mon avis, les meilleurs de tous, après toutefois ceux de l'âme, qui a sans doute beaucoup de force sur le corps, ainsi que montrent les grands changements que la colère, la crainte et les autres passions excitent en lui. Mais ce n'est pas directement par sa volonté qu'elle conduit les esprits dans les lieux où ils peuvent être utiles ou nuisibles; c'est seulement en voulant ou pensant à quelqu'autre chose. Car la construction de notre corps est telle, que certains mouvements suivent en lui naturellement de certaines pensées: comme on voit que la rougeur du visage suit de la honte, les larmes de la compassion, et le ris de la joie. Et je ne sache point de pensée plus propre pour la conservation de la santé, que celle qui consiste en une forte persuasion et ferme créance, que l'architecture de nos corps est si bonne que, lorsqu'on est une fois sain, on ne peut pas aisément tomber malade, si ce n'est qu'on fasse quelque excès notable, ou bien que l'air ou les autres causes extérieures nous nuisent; et qu'ayant une maladie, on peut aisément se remettre par la seule force de la nature, principalement lorsqu'on est encore jeune. Cette persuasion est sans doute beaucoup plus vraie et plus raisonnable, que celle de certaines gens, qui, sur le rapport d'un astrologue ou d'un médecin, se font accroire qu'ils doivent mourir en certain temps, et par cela seul deviennent malades, et même en meurent assez souvent, ainsi que j'ai vu arriver à diverses personnes. »


René Descartes
Passiones animae
Amsterdam : Daniel et Ludovic Elzevier, 1664.
Lyon BIU-LSH

René Descartes
Principia philosophia
Amsterdam : Daniel Elzevier, 1664
Lyon BIU-LSH

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