Si les relations entre philosophie et médecine sont anciennes, la philosophie de la médecine comme discipline à part entière est récente et cherche encore sa définition entre bioéthique et philosophie de la biologie.
Avec l'invention de la bioéthique, les années 1970 ont marqué un renouveau des relations entre médecine et philosophie morale : les possibilités de transformation du vivant ouvertes par la recherche biomédicale rompent avec une philosophie traditionnelle de la médecine qui aurait pour fonction de rétablir la santé et à travers elle un ordre naturel. De la naissance à la mort, la définition de la personne humaine doit être repensée dans le cadre des progrès techniques et des nouveaux usages qu'ils engendrent, qui interviennent dans des sociétés où ne règne plus de consensus moral. L'ampleur de la réflexion bioéthique la rend nécessairement interdisciplinaire, et la philosophie s’y confronte à des approches sociologiques, juridiques, psychologiques, anthropologiques, religieuses…
Au 20e siècle, la philosophie de la médecine s’est intéressée à l’analyse des concepts, particulièrement ambigus, de maladie et de santé. La maladie est-elle une réalité subjective (illness), naturelle (disease) ou encore sociale (sickness) ? Les concepts de normal et de pathologique sont-ils arbitraires, historiquement relatifs, ou reposent-ils sur l’observation d’une nature de la maladie ? Une définition générale en est-elle possible ?
La philosophie de la biologie interroge également les relations de la médecine et de la science. L’Evidence-Based Medicine ou « médecine fondée sur les faits prouvés » exige une démarche rigoureusement scientifique qui exclue tout recours à l'intuition, et repose la question du statut de la médecine : art ou science ?